Chapitre XI – Sid – Serbie

Sid.

Nous avons quitté Belgrade avec une autre volontaire pour nous rendre à la frontière serbo-croate à proximité de la petite ville de Sid. Après un trajet de 2 heures, nous sommes arrivés à l’endroit où nous avons été accueillis par Aleksandra, responsable du groupe humanitaire de la “Tchèque-team” de l’ONG “People In Need”.

 

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J’avais rencontré Aleksandra une semaine plus tôt dans une réunion à Belgrade concernant la situation des réfugiés à la frontière et j’étais désireux d’en savoir plus sur leurs conditions là-bas maintenant que ces frontières étaient fermées … D’une certaine manière, je m’attendais à ce que la situation soit pire que cela, plus chaotique …

Aleksandra m’a raconté les détails des conditions humanitaires des réfugiés durant les dernières semaines. Ils me semblaient avoir reçu un bon traitement. Sur les camps qui restaient dans Sid, nous opérions à Adasid, un motel et un garage près d’une station-service sur la route E70 menant à Zagreb et à Presovat qui était un ancien hôpital construit près de la forêt qui a été transformé en un lieu pour les réfugiés maintenant coincés là.

Maintenant que la frontière était fermée, personne ne pouvait plus aller de l’avant … Tous les migrants étaient bloqués là sans savoir quoi faire, où aller, quand partir etc. Ce qui m’aurait rendu extrêmement inquiet. Pourtant jusqu’à présent, ils semblaient bien s’acclimater à cette situation délicate et je les trouvais plus relax et calmes que prévu. Le fait qu’ils restent dans des bâtiments appropriés et approximattivement propre devait les aider à ne pas devenir fous et à essayer quelque chose de bête. Pourtant, nous pouvions voir des taxis aller et venir pendant la journée, ce qui signifiait que, même avec les frontières fermées, les gens continuaient à traverser, en utilisant des passeurs et les trafficants au lieu de la voie officielle.

Les camps étaient moins peuplés jour après jour … Les gens s’en allaient.

Seules les grandes familles restaient là, bloquées … Ne pouvant progresser davantage en raison des enfants ou du manque d’argent. Cela ne signifiait pas pour autant que nous n’ayons rien à faire, loin de la … En fait, c’était même le contraire, alors que les gens dans l’organisation étaient sur le point de quitter l’endroit. Nous avions besoin de jouer avec les enfants tous les jours. Nous devions régler les différents problèmes des familles, etc. Supprimer et nettoyer tous les aires de stockage (que l’organisation utilisait depuis 5 mois) afin d’envoyer les vêtements et les dons à Idomeni où ils étaient plus nécessaires.

Les derniers jours à la frontière ont été étranges et tristes, car je savais que j’allais retourner en Europe de l’Ouest, en France … Et j’avais tout, sauf envie de perdre mon but, revenir au confort, au moderne et soi-disant “monde civilisé” … Et je ne voulais pas … Je ne pouvais plus faire face à l’ignorance, après avoir connu le désordre que mes pays répandaient autour d’eux …

Je me sentais mourir en passant, à rebours, les frontières … sans aucun problème “moi”… En retournant triste et déprimé vers l’Europe, toutes les personnes que j’ai rencontrées et aidées étaient avec moi mais ne pouvaient traverser …
Situation ironique ….

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Chapter X – Belgrade – Serbie

Belgrade

Repasser à nouveau la frontière macédonienne serbe fut un défi, j’ai été en difficulté tous les derniers passages que j’ai accomplis à travers les check-points … Être incité à payer des backshishs pour les Serbes, être contrôlé pendant des heures sous prétexte de présomption de trafic de drogue, de traite ou trafic d’humains, etc. …. être volés par la police de la frontière macédonienne … bien … Honnêtement, je n’étais pas à l’aise de passer à nouveau le point de contrôle Tabanovce-Presevo … Mais, de façon surprenante, cela s’est bien passé et mon chemin vers Belgrade a été l’un des plus directs.

Après avoir traversé le pays en une nuit, après un court sommeil dans une station-service, je suis finalement arrivé à l’ancienne capitale yougoslave. Trouver le camp miksaliste a été plus facile que prévu et pour la première fois, j’arrivais sur la place à ma première tentative. Ensuite, après une introduction rapide à l’équipe de coordination, j’ai commencé le travail de suite.

 

exile (395 of 500)Miksaliste est une ancienne salle de concerts utilisés pour les festivals d’été dans le quartier des quais de Belgrade où se basait la majeure partie de la vie culturelle de la ville. De nos jours, le gouvernement Serbe reconstruit le quai d’une manière totalement différente, avec des auberges de jeunesse “hype”, des hôtels de luxe et tout une gamme de merdes excessivement chères … exile (394 of 500)Le camp est placé directement au milieu de cette zone sur un espace carré qui pourrait recevoir environ mille personnes.

Les concerts ont été supprimées et l’infrastructure du lieu est utilisée pour l’aide. exile (393 of 500)Les étagères de stockage, les conteneurs qui étaient censées accueillir des artistes étaient maintenant utilisés comme des douches, des toilettes, etc. qui servaient à recevoir les personnes dans les besoins.

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Au final, les Serbes, au vu de leurs moyens et de la situation catastrophique de l’été 2015, avaient réussi à gérer la crise avec beaucoup d’efficacité.exile (406 of 500)

exile (386 of 500)Pendant les derniers mois, je me suis habituée à ce travail, en préparant du thé, du café, du tri, de la nourriture, etc . «seuls l’endroit et les gens changent, le travail est toujours le même …» exile (385 of 500)En disant cela, je me rendais compte de ce que j’avais fait pendant les 7 derniers mois, et j’étais en quelque sortes prêtes à faire face à tout type de situation. exile (387 of 500)Ensuite, même si le travail était encore difficile, même s’il était toujours troublant et pénible de voir ces personnes qui luttent pour survivre, j’étais maintenant confiant pour gérer l’ensemble de ce processus d’aide. exile (397 of 500)exile (384 of 500)Et je dirais que le bénévolat dans le camp de miksaliste a été l’une des parties les plus faciles du voyage.

 

exile (401 of 500)C’est peut-être venu des gens qui m’entourent, une ribambelle de Serbes et d’autres volontaires internationaux qui se sont autant impliqués que moi, un paquet de volontaires venus des quatre coins du globe.

 

 

exile (405 of 500)Nous travaillions tous ensemble tous les jours et passions la majeure partie de notre soirée à siroter et à parler au café mikser ou au KC Grad Club. D’une certaine manière, nous Étions tous sur la même longueur d’onde, tous énervés par les horribles nouvelles de la fin des routes des Balkans, tous essayant de comprendre quelle était la meilleure façon d’aider … exile (396 of 500)Finalement, je pense que la ville a joué un grand rôle dans mon expérience car il y avait toujours quelque chose à faire, toujours quelqu’un à rencontrer et j’ai même trouvé le temps de m’amuser à faire quelque chose qui n’est pas lié à la crise …
Je me suis fait de bons amis, j’ai travaillé dur et j’ai trouvé de vraies personnes, de bonnes personnes qui ont partagé leurs expériences, nos passions communes venant créer une force plus grande qui espérons-le, nous ferait surmonter les choses.

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Et même si la route des Balkans était «officiellement fermée», rien n’a vraiment changé et nous voyions des personnes arrivant d’Afghanistan, d’Irak, d’Afrique du Nord, etc. tous les jours.exile (409 of 500)

exile (412 of 500)J’ai même découvert que la ville était le point d’arrivée de nombreux autres réfugiés et demandeurs d’asile tels que bosniaques, Kosovars, albanais … (Les populations qui souffrent encore de la chute de la Yougoslavie et de la guerre des Balkans des 90″), exile (411 of 500)mais aussi Ukrainien, Russe, les Iraniens et d’autres personnes qui fuyaient le gouvernement de leur pays pour une quelconque raison, plus souvent en raison du manque de droits de l’homme, de conflits religieux et sociaux ….

 

Chaque jour, au moins 30 à 40 nouveaux arrivants s’entassaient dans l’afghani parc”, le premier espace devant la gare routière et ferroviaire de la capitale. Ensuite, ils arrivaient à miksaliste. Et chaque soir, on pouvait apercevoir ces mêmes personnes dormantes dehors dans le parc ou dans les rues. Ils étaient ravis que le temps devienne plus chaud, même s’il faisait encore froid … et que les choses ne s’arrangeraient pas avec la météo…

Chapitre IX – Dimitrov Grad – Serbie

Dimitrovgrad, Serbie

C’est le moyen le plus simple … La sortie la plus proche de l’enfer Bulgare situé à 40 km à l’est de Sofia, aux frontières serbes. La petite ville de Dimitrovgrad est le premier endroit où les réfugiés s’échouent après avoir traversé illégalement la frontière bulgare pour entrer en Serbie. Plus village que ville, l’endroit est installé dans une vallée, entouré de collines et de montagnes. La seule spécificité de la ville était sa gare et sa station de police qui a fait de l’endroit, le premier point de contrôle, le premier «camp» en Serbie.

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Les réfugiés venaient à Dimitrovgrad, la plupart à pied, mais certains d’entre eux arrivaient par des taxis (aidés à atteindre Dimitrovgrad via un restaurateur local qui a été le premier à être en contact avec eux après leur traversée forestière.) Étonnamment, l’homme avait passé dix ans à travailler en Libye et pouvait parler l’arabe, ce qui le rendait très utile pour les migrants. Et il laissait les voyageurs faibles et épuisés se reposer dans son restaurant et manger quelque chose avant de partir pour Dimitrovgrad.

 

 

Et bien sûr, il était en difficulté avec la police … Il m’a raconté son histoire dans le langage corporel universel : «police» «mauvais» «troubles» … Pas besoin de plus d’explications, je savais de quelle histoire il s’agissait et, d’une certaine manière, cela m’a rendu triste de réaliser à nouveau qu’on commence toujours à être en difficulté une fois qu’on commence à aider et à être humain …

 

 

Et nous avons été confronté à de nombreuses reprises à des accusations de trafic d’êtres humains alors que nous conduisions des réfugiés du camp à la gare ou du centre-ville au camp etc . J’ai compris et vraiment pris la responsabilité de mes actes et je discutais avec beaucoup d’autres bénévoles à ce sujet … Pour certains, c’était vraiment irresponsable et risqué et je le comprenais aussi … En tant que membre d’une ONG, vous ne pouviez pas faire tout ce que vous vouliez, car l’organisation était en quelque sorte responsable de vos actions, de sorte que des actes inconsidérés pouvaient mettre toute l’affaire en difficulté. Mais en prenant cette responsabilité par nous-mêmes, nous assumions d’agir en tant qu’individu et non comme membre d’une organisation, car parfois il vaut mieux faire les choses par soi-même.

Et ici, à Dimitrovgrad, les autorités étaient plus fortes, moins faciles que les autres endroits où je travaillais.

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Le point de contrôle était mené par la police et les ONG n’étaient pas autorisées à entrer dans le camp … Quelques-unes (toujours les plus grosses avec plus d’argent) ont été autorisés à fonctionner autour du poste de police, ou le camp précaire et la zone d’enregistrement ont été installés. Les autres groupes comme Praxis, le Conseil des réfugiés danois, Info Park où I’m Human Organisation (dont je faisais partie) ont dû attendre et fonctionner en dehors de l’endroit … Nous étions debout sur les clôtures, en regardant ces personnes être vérifiées, estampillées, enregistrées, envoyées au camp et renvoyées en Bulgarie ou autorisées à continuer… et tout cela se passait devant nous … sans que nous ne puissions rien faire. La plupart du temps, nous attendions que les réfugiés viennent nous rencontrer à la porte (s’ils y été permis) afin de connaître leurs besoins, leur histoire, etc…

 

 

Nous leur apportions les produits demandés, tels que les vêtements, les médicaments, les aliments, etc. … en travaillant de manière étroite et efficace avec les gars de l’organisation Praxis.

 

 

Au moment où je rencontrais i’m Human Organisation pour la première fois, ils fonctionnaient encore à l’extérieur du camp, installés dans une petite camionnette comme la mienne qui était réorganisée en petit conteneur de dons. C’était inhumain de travailler de la sorte avec ce climat merdique à Dimitrovgrad … jours pluvieux, vent froid et nuit gelée … Mais, lorsque je suis arrivé e tant que bénévole avec eux une semaine après, Tarek (le chef des opérations est fondateur de l’organisation) ait réussi à apporter un conteneur digne de ce nom et à mettre en place un espace de stockage efficace, une zone de collecte et tout le nécessaire pour l’organisation.

 

 

Et l’ONG avait également un groupe de bénévoles impliqué … Le siège de l’ONG était une maison près de la gare de Dimitrovgrad où les bénévoles pouvaient se rassembler, manger et se reposer. Au moment où je travaillais là-bas, nous étions 8 volontaires, venant de Bosnie, Hongrie, Argentine, Pologne, Italie, Allemagne, Serbie … et en France. Comme je ne voulais pas les déranger avec la question du logement j’ai passé tout le temps à dormir dans la fourgonnette comme j’en avais l’habitude. Je pourrais dire maintenant que je peux m’habituer à tout type de situation précaire et à dormir presque dans toutes les conditions, presque partout … et c’était rude parfois car les températures étaient assez faibles la nuit et le temps était merdique a souhait … Je passais de complètement mouille à complètement gelé. Certains “shifts” du matin étaient si froids que vous pouviez à peine bouger les doigts ou ressentir vos pieds.

 

 

Pourtant, nous nous occupions et nous poursuivions, en conseillant les réfugiés, les accompagnant tout au long de leur processus, depuis l’arrivée du camp jusqu’au départ de la gare pour ceux qui pouvaient passer par la Serbie et continuer leur voyage.

 

 

Le train de Dimitrovgrad allait à Belgrade, en passant par Nis et était un train de 9 heures qui coûtait cher aux réfugiés (pour ceux qui pouvaient se le permettre.) Si aucun train ne partait, les réfugiés «autorisés» à aller de l’avant pouvaient prendre le bus qui coûtait encore plus cher. Mais de toute façon, soit en train soit en bus … de moins en moins de réfugiés étaient autorisés à continuer … Quelques-uns (seuls des Syriens et des Irakiens) continuaient à traverser en toute sécurité …

Les autres, les Afghans, les Pakistanais, les Marocains, les Iraniens, etc. été renvoyé immédiatement en Bulgarie.

Et la situation s’aggravait, et même si nous essayions vraiment de les aider à passer, nous ne pouvions voir aucune amélioration … aucun espoir qu’ils atteignent leur objectif. Et je me sentais mal de ne pas leur dire que les choses allaient s’améliorer … de ne pas pouvoir mentir ….

 

 

Nous étions aussi perdus qu’eux, nous ne pouvions leur dire ce qui se passait, leur donner des informations sur l’évolution des choses car tout était également flou pour nous. Et j’ai quitté la ville avec peu d’espoirs, mais toujours, en allant à l’étape suivante de mon voyage; Le tournage de la vidéo musicale pour le groupe macédonien Khara qui composait également la bande sonore de ce documentaire, puis Belgrade, la capitale de la Serbie.

Chapitre V – Kara Tepe – Lesbos

Il y a un mois que je suis sur la route …  Après tous ces kilomètres, après ces expériences dans les Balkans, je pars enfin pour le but final de mon voyage (du moins l’original, le temps dira si ce sera le dernier) Lesbos.

C’est l’île grecque d’où viennent les pires nouvelles, images et infos auxquelles nous avons été gavés jusqu’à la nausée.

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Je vais partir demain pour une traversée de 15 heures en Grèce, en passant par le camp de réfugiés de Gelgevia/Idomeni à la frontière Macédonienne avec la Grèce … Mais traverser la frontière Turque est ce qui m’impressionne le plus.
Je ne me soucie pas de dormir dans la camionnette froide, je ne me préoccupe pas de ne pas me laver pendant quelques jours … Je ne me fous pas mal de ce qui pourrait m’arriver une fois que je serai là-bas, le plus important pour le moment c’est d’arriver sur l’île en sécurité et pouvoir aider sur place.
Et on m’en a tellement dit  … J’ai vu tellement d’images, tant de rapports, etc. …. J’e m’attends au pire.

Lesbos est une sorte un pont entre le ciel et l’enfer.
Voici le Styx et nous sommes sur les rives en regardant ces gens qui traversent en barque. Mais le navigateur est injuste, transforme les vivants en morts en profitant de leur seule richesse, leur seul argent pour jouer avec leur vie.

Ici, c’est marche ou crève … ou plutôt “nage” ou crève. Et nous avons affaire avec la mort chaque semaine … Chaque jour nous attendons le pire … Noyé dans la mer, brisé sur les rives, abattu par la Garde côtière ou emmené par la maladie … La mort est partout, dans chaque recoin, chaque détails de l’île merveilleuse qui avait dû être un paradis il y a des années … Avant de devenir le couloir de l’enfer.

Le camp de Kara Tepe est près de mytilene, la plus grande ville de l’île. Le camp est connu comme l’un des meilleurs en Europe et peut accueillir un millier de migrants par jour. Il ressemble un peu à un camp de vacances, installé sur un ancien site archéologique, perdu dans les oliviers près des plages magnifiques … Des magasins et des cantines mobiles sont dispersés à l’entrée.

Les vendeurs (contrebandiers) attirent les migrants dans leurs magasins en leur vendant des merdes à bouffer, des boissons et toutes sortes de choses inutiles et chères … La routine habituelle.

Tout le monde essaie de tourner la situation catastrophique à son avantage, et il semble que les taxis et les agences de voyages de l’île font beaucoup de profit, merci la crise …
Chaque jour, des centaines et des centaines de migrants achètent des billets de ferry pour Athènes … Jour après jour, les taxis conduisent les gens tout autour de l’île, déplacent les familles de camp en camp, etc. …. Je suppose donc que cette catastrophe n’a pas le même impact pour tout le monde ..

Comment en parler?

 

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Bien, quand je suis arrivé à l’île depuis la Turquie, j’ai été impressionné par la quantité de détails qui induisaient ce qui se passait … Des gilets de sauvetage éparpillés sur les bateaux de plaisance dans le port, souvenirs inutiles des populations traversant… Les publicités en Arabe … J’ai vu plus de siganlisations arabes que les Grecs durant mon temps ici …
Et vous voyez des migrants partout  … Et c’est étrange de les voir aussi nombreux. Avant, nous le recherchions toujours … Ils étaient parkés dans des endroits précis, des zones confinées, etc. …. Ce n’est pas le cas ici, et vous les croisez dans les rues comme tous les autres. Beaucoup d’entre eux … Attendent le ferry pour décoller, se promenant comme des fantômes errants … Préoccupés par le futur.

Et la ville a l’air accablé … Et le port est pire … Des tentes partout … Des déchets dans toutes les rues … Des vêtements humides éparpillés comme une végétation malsaine, une mauvaise herbe de sacs à dos et de chaussures usées.

Et puis, une fois que vous quittez la ville … Les camps.

Et je suis allé au camp de Kara Tepe, dont on m’a dit que c’était le plus fréquenté avec Moria, une prison transformée en camp d’enregistrement, plus au nord.

Grâce à Claus, rencontré par hasard alors que j’essayais de frayer un passage dans les petites rues de Mytilene, j’ai été en contact avec l’ONG VCA dirigée par Fred Morlet qui m’accueilli chaleureusement.

Je pensais que j’étais habitué à travailler dans les camp après les nombreuses autres expériences que j’avais traversé … J’avais tort.

Ici, il n’y avait rien à voir avec ce que j’avais fait auparavant …
Tout était 10 fois plus difficile que dans les autres endroits où j’avais aidé.
C’était surtout dû au fait que nous étions en première ligne, justes sur les rives.

 

Les gens qui venaient vers nous arrivaient directement de la mer … Abruptement, violemment, et inlassablement … Comme des vagues … Des tsunamis inondant les plages … Et nous étions en équipe d’intervention d’urgence, ce qui signifie que nous étions censés être leur première aide dès qu’ils atteignaient le sol …

Et nous les avons vus aussi épuisés que l’on peut s’imaginer, nous faisions face à l’impuissance, à la violence de la rive, aux cris, à la panique et au chaos dans sa forme la plus pure.

Mais nous avons également vu la joie, le soulagement d’atteindre enfin l’Europe, le soulagement d’arriver en vie, en famille … Pour être acceulli, être prit en charge …
Pour eux et pour nous, je dirais que ces souvenirs resteront gravés.
Nous avons traversé des moments difficiles … Bien sûr … Mais cela a également été simple … les choses ont également été faciles, et fondamentalement, c’est mieux de cette façon et nous faisions en sorte que cela arrive aussi souvent que possible.

 

 

Le truc, c’est que les gens et les médias demandent de “l’exceptionnel”, des histoires qui fusent et soufflent, des images qui coupent comme des rasoirs … Ca a quelque sorte conduit les gens à penser que nous étions des héros qui couraient vers les bateaux, sautaient dans l’eau et sauvaient la vie des bébés, les transportant sur le rivage …

 

 

Eh bien je peux vous dire que ce n’est pas le cas …

Tout d’abord, nous ne n’étions pas autorisés à aller dans la mer pour sauver les réfugiés, nous devions attendre que l’équipe de sauvetage les mette au sol … Seulement alors, nous pouvions travailler, et encore, le le processus était très strict et vous ne pouviez que contribuer d’une manière spécifique …

On ne nous permettait de donner de la nourriture ou de donner des médicaments aux gens … Nous n’étions même pas supposés leur donner des vêtements, mais nous brisions des règles parfois.

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Vous êtes toujours divisé entre être humain et être organisé et avoir une efficacité utile: ce qui signifie être strict parfois … Parce que c’est une chose de vouloir aider, c’en est une autre d’aider efficacement, et la plupart des gens ne comprennent pas vraiment la logique de l’aide, les choses de base à faire ou à ne pas faire … Et puis … Ils commencent à faire foirer tout le processus même si leur désir est que tout se passe bien.

Et vous souhaitez aider cette dame qui est allongée sur la plage, tremblante, gelée à mort et pâle comme un zombie … Vous souhaitez que pouvoir lui donner quelque chose pour l’aider, des médicaments, de la nourriture, n’importe quoi … Mais vous savez que cela pourrait lui nuire … Vous savez que vous n’êtes pas un docteur et que vous n’êtes pas celui qui peut dire de quoi cette femme a besoin … Alors il faut attendre … Désespéré … En essayant de la réchauffer avec des couvertures, pour la garder éveillée … Mais vous souhaitez pouvoir faire dix fois plus …

Et parfois, dans certains cas, je ne pouvais que briser les protocoles et toutes ces règles à la con pour faire je sentais mon devoir d’homme, ce que je savais utile et significatif … Parfois, vos sentiments sont plus forts que votre logique.

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Travailler comme secouriste d’urgence signifie que vous devez être prêt à tout moment … Donc, de 5h à 16h (mon shift de travail), j’étais principalement assis à l’avant du camion, garé le long de la baie, à la recherche de bateau, à regarder à la mer …

Et 80% du temps, rien ne se passe. J’ai parlé longuement avec d’autres observateurs et gardiens, des sauveteurs, etc. …. Surtout avec l’équipe des sauveteurs G-Fire qui était là toute la nuit 7/7 jours… Ils faisaient un travail incroyable, ouvrant la voie aux bateaux pour qu’ils arrivent en toute sécurité, emmener les gens sur la rive, arrêter le moteur du bateau pour ne pas qu’il se brise dans les rochers …

Nous ne pouvions pas travailler sans leur aide.

 

La vie dans les camps est quelque chose de difficile.

Pour moi, il était important d’expérimenter les camps comme les réfugiés le faisaient, je voulais vivre à leur rythme, pour sentir le lieu comme eux. Et même si je dormais dans la fourgonnette, j’était 24/24h dans le camp et je vivais le quotidien, intense, difficile et fatiguant.

En revenant à Marcel, garé dans un coin du camp, après un shift de 15 heures, ce n’était pas du repos … C’était juste un écart, un moment de rien, entre deux shifts de travail, un repas, une cigarette, un roupillon puis retour au travail.

Parfois, j’étais passablement énervé par les bénévoles ici dans l’île … Ne me méprenez pas, beaucoup d’entre eux ont été d’un soutien incroyable, de si bonnes personnes qui travaillaient tous les jours et n’importe quand pour le bien commun.
Ceux-ci sont les réelles forces qui font changer les choses, les “meilleurs” humains pour ainsi dire …

Ils n’en ont rien â faire d’être des héros, de se “montrer” en train de porter des enfants, des bébés hors de l’eau, sur les plages … Ils savent que les vrais héros dans ce domaine ne sont pas seulement ceux que vous voyez à la télé …

Les héros portent les boîtes, trient des vêtements et des dons pendant des heures, nettoient les déchets et et récurent la merde … Les héros sont ceux qui rendent la vie possible dans les camps, les bénévoles qui comprennent vraiment que “l’aide est different de la charité”. C’est quelque chose pour sauver des gens sur les plages, c’ essentiel de rendre possible le séjour des réfugiés sûr et le plus agréable (le moins pire) possible.

Alors, c’est moins glamour … Bien sûr, qui aime faire ça? Personne …

Et c’est le moment où vous vous rendez compte de qui sont ceux qui sont vraiment ici pour aider à améliorer la situation et sont ceux qui recherchent simplement l’action, des images chics et  … allez savoir quoi …

Le bénévolat est tout sauf un plaisir.

Ca peut être ennuyeux, être super stressant, épuisant et déprimant … Et ca l’est la plupart du temps. J’ai toujours été énervé par ces volontaires qui se présentaient pendant une heure ou deux, puis partaient une fois qu’ils se rendaient compte que les choses plus “classes” et “glorieuses” se passaient ailleurs …

Et bien sûr, vous ne pouvez pas être submergé par des milliers d’embarcations tout les jours … Bien sûr vous ne traitez pas avec des milliers de réfugiés du lundi au dimanche … Mais encore, dans un camp et dans le monde du bénévolat humanitaire, il y a toujours quelque chose à faire, tous les jours … chaque heure qui passe …

Je ne vais pas mentir … Je suis content d’avoir pu voir tout le spectre de la situation à Lesbos. J’ai filmé sur le rivage, j’ai interviewé des réfugiés et leur ai demandé de raconter leurs histoires, j’ai pris des photos, etc.

J’ai fondamentalement fait tout ce dont je suis contre.
Mais je pense l’avoir fait d’une manière légèrement différente, car je n’ai jamais cessé d’aider … Je filmais en déplacement, dans l’action … Et mon objectif principal a toujours été d’aider plus que de filmer.

Et cela m’a rendu triste et en colère de voir ces cinéastes, journalistes et photographes venir juste pendant quelques heures … En attendant une image dramatique à vendre, et partir ensuite, satisfaits.

Je pense l’avoir fait d’une manière différente, j’étais vraiment là-bas, je travaillais vraiment là-bas et n’étais pas un autre cinéaste de plus qui passait en coup de vent pour profiter de la catastrophe.
Le but pour moi était de comprendre et de savoir ce que je filmais, choses impossible en un jour selon moi. Ca demande du temps de pouvoir comprendre un peu plus sur toute la situation, et même un mois ne fut pas suffisant …

D’une certaine façon, cela a peut-être justifié mon processus …

Je suis toujours moins mal à l’aise avec ça mais je le souhaite … 

Chaptire IV – Tabanovce – Macedoine

Kumanovo

Il est délicat de parler de la situation des réfugiés ici en Macédoine, il semble que la plupart des gens soit contre les migrants.

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Je ne peux pas leur en vouloir ; La Macédoine (FYROM) doit être l’un des pays les plus pauvres des Balkans et le salaire moyen est à peine supérieur à 300-400 € …

Dans cette situation, évidemment, prendre soin de vous et de votre famille est beaucoup plus difficil que dans les autres pays et, avant d’aider les étrangers, je comprends que les Macédoniens s’occupent de leur propre vie, ce qui n’est pas simple ici.

 

C’est pourquoi je pense que la plupart d’entre eux pourraient voir la crise des réfugiés comme une menace … inquies pour leur vie, craingnant de perdre leur emploi et leur seule source de revenus … Les Macédoniens ont peur des réfugiés et des migrants … les considèrent comme des gitans et des voleurs contrairement  à des victimes de guerre et une population impuissante.

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Et il est difficile de parler de ça … et je dois être aussi trop impliqué et peut-être idéaliste dans la façon dont je vois ces gens …

– “ils sont violents”

– “Fuck-vous, tout le monde est violent et le monde est plein de bêtises et de pauvreté, pourquoi ces personnes seraient plus propices à la violence que notre société armée jusqu’aux dents?”

– “Il y a beaucoup de terrorisme parmis eux…”

– “Peut-être 1 sur 10000 … Mais les terroristes sont aussi la première causes de leur exil, pourquoi deviendraient-ils leurs propres bourreaux ?

Et cela pourrait continuer sans fin comme ça, et au final, je suis fatigué de discuter avec les gens et d’être considéré comme un Hippie Français idéaliste qui pense que tout est bon et beau dans ce monde.

Bien sûr, ce n’est pas le cas, et c’est pourquoi nous devons nous battre et nous sensibiliser et aider à changer la façon dont le monde tourne.

 

 

Organisations

C’est un processus difficile de traverser ces différents pays, différentes ONG et camps, etc. C’est comme essayer de créer quelque chose avec rien. Construire un réseau à travers ce désordre, essayer de joindre, contacter une entité. De les lier ensemble est un travail super compliqué et je narrive pas comprendre ce manque de communication.

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Il n’y a aucune information entre les camps, pas de coopération …

Heureusement, les gens ne sont pas si stupides, se sont organisés en ligne et je suis heureux de voir que Facebook est utilisé enfin de manière utile par rapport à la plupart des usages que les gens en faisaient quotidiennement.

J’ai été étonné de constater que même les équipes d’ONG comptent plus sur les infos des médias sociaux que sur leurs propres données.

Internet reste encore une fois, le moyen le plus efficace de connecter tous les bénévoles, les camps, les ONG, etc. … Ensemble.

Et cela me donne l’espoir pour le futur d’une certaine manière, car les gens se rendent compte que la technologie peut être utilisée pour le bien de l’humanité et pas seulement pour faire n’importe quoi …

 

 

Bénévolat

Être bénévole dans le camp n’est pas si facile même si nous sommes entourés de personnes dans des situation 10 fois plus contraigantes et rudes que les nôtres.

Nous venons des quatre coins du globe, voulons aider, partageons des idéaux communs même avec des cultures et des idées différentes … nous sommes liés ensemble, vivons ensemble au rythme des trains, de la course, de la construction, de la cuisine, de l’information sur le flux des migrants …

Quand les choses se calment, nous sommes calmes … quand la tornade remprend, nous reprenons … Nous vivons au rythme du camp, qui devient notre propre vie parfois …

Pour être volontaire, vous devez être en quelque sorte dévoué à ces personnes, de tout votre coeur et esprit … Les choses ne se passent pas seulement sur le terrain, mais aussi dans la vie à côté … Leurs histoires, leurs visages, leurs voix sont partout, toujours en écho dans votre esprit …

Parfois, je rêvais des camps, des personnes qui passaient, j’ai faisait des cauchemars horribles aussi … Parfois, je m’étonne aussi du manque de leur présence, de leurs voix et des langues qu’ils parlent … Ils deviennent une partie de vous-même, votre vie et votre temps deviennent, en quelque sorte, liés aux leurs.

Vous n’êtes pas bénévole parce que c’est cool, ou parce que c’est gratifiant ou quoi que ce soit … Vous êtes impliqué parce qu’il est nécessaire et vous vous sentez responsable …

 

 

Nous avons tous des raisons différentes et diverses pour nous impliquer ; La volonté d’aider, la volonté de sensibiliser et de donner l’espoir, le sentiment d’être utile et d’aider à améliorer une bonne cause …

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En ce qui me concerne, je donnerais tous ces arguments, mais aussi un plus particulier et blessant : je me sent personnellement coupable et responsable pour mon pays en Europe qui ne les aide pas et ne fait même pas semblant de faire quelque chose …

Je me sens responsable et coupable quand j’entends dire que les pays de l’UE ferment leurs frontières, renvoient les migrants sans aucunes raisons …

Je me sens coupable pour le français, pour le britannique, pour le Hongrois, Bulgare, Macédonien, etc … Coupable pour toute cette stupidité et cette colère qui conduit les gens à fermer leurs portes ainsi aue leur esprit.

Basel m’a demandé une fois si je me sentais utile dans les camps … pour être honnête, pas vraiment … Je ne me sens pas utile de faire en sorte que la situation soit juste “OK” au jour le jour et je me sentirais utile quand je verrais un peu d’améliorations dans le monde  … 

Je ne me sens perdu dans ce vent de lutte, d’impuissance et de tristesse …

Je ne suis pas bénévole pour me sentir utile, je donnes toute ma personne à cette cause parce que c’est juste, parce que c’est notre devoir d’aider , parce que c’est notre faute …  La société occidentale a aussi créé ce chaos.

Etre utile ne veut pas dire que je change tout ce que je pense, tout ce aue je suis … et à la fin de la journée, je suis juste un petit point perdu dans cette mer … mais sa ne suffit pas. Et je me sentirais utile le jour où j’aiderais à créer un véritable changement.

Chaptire III – Slavonski Brod – Croatie

5.20 du matin, le téléphone sonna et je me réveillais sur le siège avant du van, mon lit pour la plupart de mes nuits ces derniers jours.
En dehors le ciel est limpide, le genre de ciel d’hiver froid et mortel …
J’ai gelé toute la nuit, essayant de dormir sur la banquette avant de Marcel dans le seul endroit libre que j’ai pu trouver, le reste du camion étant blindé de donations.
Garé en face de la gare, je voyais tous ces trains aller vers une destination inconnue … et j’imaginais déjà ces trains plein de migrants que je rencontrerais quelques heures plus tard.
Et le soleil arriva enfin … le matin, un café et une cigarette, puis je suis parti au camp.

L’endroit n’était pas facile à trouver et après 30 bonnes minutes de recherche, j’arrivais enfin aux portes du camp de Slavonski Brod, à la périphérie de la ville.
Comment le décrire … bien, c’est un mélange d’un terrain de camping et d’une base militaire.

Tout d’abord, j’ai été frappé par le nombre de flics alentour, tous portant des armes à feu, bien sûr, et par dessus tout pas très amical et bavard.
D’une certaine manière, vous pouviez ressentir la tension dans l’air, lorsque je suis arrivé, c’était le jour où la Slovénie et l’Autriche devaient fermer leur frontière avec la Croatie.
Je suppose que tout le monde ici n’était pas sûr de la suite des évenements.

Je suis passé par les tâches administratives et me suis inscrit auprès de mes nouveaux collègues allemands Sophia et Félina.
Simon et Christian, les gars qui dirrigaient l’ONG IHA étaient avec nous aussi et nous ont fait un tour rapide du camp.

 
 
Le camp était séparé en 6 secteurs différents pour héberger les réfugiés, d’autres tentes logaient les ONG comme la Croix-Rouge, Care, UNICEF etc …
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Et «la captation d’images était formellement interdit dans le camp» alors je ne savais pas à quoi m’attendre.
Mais j’étais plus là pour aider que pour obtenir des photos et, donc, je suis allé dans la partie où tous les vêtements et les dons étaient triés et j’ai commencé “bouffer du tri” avec Sophia et Felina.

Des trains passaient sporadiquement à travers les portes du camp, transportant des migrants à l’intérieur et à l’extérieur.

Et à 14 heures : la Slovénie et l’Autriche fèrmerent leur frontière.

Et nous nous attendions à ce que 2500 réfugiés restent ici dans le camp, pour Dieu savait combien de jours … tout le monde était nerveux, bien sûr, mais nous devions continuer à stocker et à trier les vêtements, sac après sac, boîte après boîte …

Et j’ai conduit la camionnette à l’intérieur pour apporter la première partie de ce que j’ai  recueilli sur le chemin, et je me sentais fier de reconnaître certaines des dons et de savoir que ceci venait de cette personne et cela d’une autre.

Mais le camion n’était toujours pas vide après la première vague …

 

Ensuite, le dernier train du jour passa avec toutes les personnes à l’intérieur et nous Courûmes au premier secteur pour leur apporter des couvertures, des vêtements chauds, etc. … tandis que la nuit venait avec le froid.

Et nous sommes entrés dans les tentes … et c’était effrayant de voir tous ces gens là-bas … impuissants, désespérés, fatigués, paniqués et sans aucune réponse à leurs questions.

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“Où sommes-nous? ” “Quand partons-nous? “” Où nous nous arrêtons ensuite? “

“Je ne sais pas.” “Vous êtes en Croatie. “” Je ne peux pas vous le dire. “” J’espère … “c’était la seule chose que nous pourrions répondre.

 
 
 

La seule chose que nous pouvions faire était de leur demander s’ils avaient besoin de «vêtements»? Un pantalon? Chaussures? Quelle taille? As-tu mangé quelque chose? Etc . et après quelques notes rapides sur une feuille de papier, se précipiter dans les conteneurs, obtenir les donations et les amener aussi vite que possible en face de toutes ces personnes se rassemblant autour de vous pour essayer d’obtenir quelque chose … n’importe qu’elle chose …

Et, par chance, cela n’a pas duré longtemps et les milliers de personnes ne passèrent que 30 minutes dans le camp et partèrent en Slovaquie dans un autre train.

Frontières ouvertes de nouveau ? De sacrés chanceux …

 
Et je suis content que notre shift se termine de cette façon … pour une fois …

 

Breil Sur Roya – France

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After spending a week in astalli center at Palermo, recovering and helping with my fellows volunteers over there, I left Sicily and started my journey back to France. thought I did still had to stop at another hotspot I didn’t knew : the French Italian border where I knew the situation between Ventimiglia and the Roya valley was difficult for both the “migrants” and the helpers.

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I heard about the story of many local people being arrested for helping the travellers to cross, to rest etc…  Cedric Herrou,  Felix croft and some others…

I seemed that what I have always found (meaning that everything is make to disable the helpers to help) was actually taking form here as a bunch of laws making the helpers life a real struggle.

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Then I decided to go.

I packed my stuff, collected some donations in Palermo and left for the northern border.

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I arrived three days after and met straight away the people from “Roya citoyenne” a group of local helpers in the valley.

There, I met Cedric who proposed me to come to his place the day after.

His house was built in the countryside between the Italian frontier and Breil Sur Roya,  lost on a mountain alongside the road and virtually inaccessible…  Somehow lost into the wild of the Alpes.

You had to walk up to a little rocky track to access the place.

There, everything was completely different from the world you knew.

For a while,  I knew how to live off the grid thanks to my nomadic way of life, but know I was experiencing a different way of living off the society and our capitalist system…  A sedentary lifestyle which was enabling sustainability  ecology and self sufficiency.

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Cedric was a farmer. The kind of farmer capable of running his own activity by himself without relying on massive agriculture, machines and so on…  His activity was honest,  humble and enough for him.

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Most of the furniture of the place was handmade

The food was coming from the lands,  both vegetables and animals.

The water was pumped from the river and warmed by firewood.

The toilet, the shower, the garbage…  Most the infrastructure here was self sustainable and ecological.

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It made me though about this kind of off the grid community willing to return to the simplicity of a different way of life going back to the nature and the basics of living.

But more than a simple hippy, Cedric was devoting his time and place to help the migrants stuck in the no man’s land of la Roya…

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Around 20 people were living there during this time of the year,  Cedric,  two or three volunteers and ten to fifteen “illegal travellers ” who were staying here waiting to go further safely.

The guys from la Roya explained me that strangely, even being on the French territory,  the migrants here couldn’t ask for asylum yet and have to go at least to Sosfel or Nice to request the asylum…  Then,  in the valley,  these people were still risking being send back to Italy by the police if they’re catch.

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What Cedric was doing was to hide them the time for them to rest and to give them the crucial information about the tracks to follow to get to these cities without being seen and catch by the police.

He used to drive them before but,  since his attestation, couldn’t do this any more.

But even disable of driving the people, he was hosting a lot of them and was also helping the other members of the valley willing to help.

And it’s funny to realize that even with the attestation,  the court and the penalties the people were facing from the state, even being send to the police station randomly during the food distribution at Ventimiglia…  More and more people were rising against the “criminal justice ” which was making sure that you couldn’t help the people.

The anti-migration policy was somehow making people guilty of being human but most of the ones I met were taking this risk, preferring being a human in jail than a free */+$”!

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And I  spent a week with Cedric and the other “delinquants solidaires “, building storage cabin, shelves and places to facilitate the work in the place.

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As he told me,  now they were few people and a lot of needs regarding the organization…  What will it be in summer with hundreds of refugees?

Then I decided to help him by building, hoping these constructions would makes the work easier and more efficient for them.

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And it reminded me Calais and the Woodward work,  cutting wood all day long, hearing the jigsaw and smelling the wood…

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But assembling the all to create construction was kind of new and I really enjoyed seeing the things taking form little by little.

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And the migrants too were enjoying helping me out in the process till the finalisation.

Working with them was a bit like the time I was in lesvos when we were involving the refugees in the daily work…  I’d say that’s one of the most beautiful thing to share with them…  Creating something together.

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And we also went to the daily food distribution happening in Ventimiglia.

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The people from the valley were cooking meals from 8am to 6pm and then,  were going to the city to feed the hundreds of migrants stuck there without anything.

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Every distribution was a gamble…  You never knew if you was about to be arrested or if it’d go OK.

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And it was unbelievable that we had to go like dealers or criminals,  hiding ourselves from the police, just to give out food to people in need.

And of course the police was forbidding us to do so… Saying that it was about “health laws” and prevention…  Yes,  letting people starving is a well better way to solve a health problem…

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We were arrested by lucky enough not to be sent at the commissary.

And we had to leave half of the donations behind.

Sad situation that made me once again   understand the gap between our government and the situation on the field.

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So far I would say that these delinquents from the Roya valley are part of the best persons on this world.

Of course they have some problems,  their organization could works better, they have their own personality and some of them might be seen as lawless…  But their common specificity is to be human more than civilians and it’s maybe why they are seen by the governments as criminals…  Thought,  I’d do the same than them and I’m glad to feels part of this group of criminal.

The only thing sad is to realise humanity start to become illegal…

Chapter XIX – Palermo – Italy

 

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After 4 days of driving through Italy, I finally got to the city of Palermo in the region of Sicily, which is, to be fair, an Island kind of … but a huge one … nothing compared to Lesvos.

Even through there’s something similar in the scenery, coastal shores, rocky mountains and beaches all over the place … volcano and tiny islands popping up far on the skyline, lost in the Mediterranean sea …

 

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Well, the place feels a bit familiar and at the same time completely different.

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First, the size of it … Sicily is roughly about 200km wide.

 

Secondly the weather … even if Lesvos was cold in winter … here it’s freezing. The wind, the rain and the snow are really making the place completely different than the sunny and bright scenery you’ve in mind when you think about “Sicily”.

exile-2-0-part-ii-6Thirdly, nobody here speaks neither English, french or Spanish … only Italian, and then, to communicate with people is a funny thing made of a mixture of each language ; one kind of “Italospanicofrenchinglish” … it’s a bit weird.

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  Nevertheless, I made my way through it and I first get in touch with Emanuele Cardella who’s running the Astalli Centro, a place taking care of the new comers from Africa in Sicily. I also met Tomasso, Martina, Gabrilele and other people in town involved in the migration issue and the humanitarian work. The place they used to gather was a co-working space and bar called “Moltivolti” like in the pub “Bobiras” of Lesvos …

The first impression I’d from the migrant center was very good.
Emanuele shown me the place and everything they’re bringing to the people in need : breakfast, clothes, shower, Italian classes, juridic advises, etc … It was way better than what I expected and I was happy to get involved in the daily work.

1And then I started working, doing the same old things that is a routine work which is always changing ; preparing food, bread and stuff for the breakfast, tiding the place, taking care of the shower, drying clothes, listing the beneficiaries, etc etc … but as usual, even if the work looks like the same on paper, it’s a whole new thing that you need to learn again.

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Every morning, the center was opening around 8.30am (we’d to prepare everything an hour before) and was serving breakfast to the hundreds of people currently in the city. Sorting the frozen breads coming from the unsold stock of the city’ bakeries, warming it up, splinting it in little pieces, serving bowls, spoons, tissues, milk, coffee to everyone etc …

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After the 1-2 hours of the breakfast, we were then continuing the work with the showers, the Italian classes and administrative requests of the people.

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The different steps of the help were also planned through the week, one or two afternoon per week for clothing, other times for advocacy and paper stuffs etc …

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We’re then doing something different everyday beside of  doing the same routine works.

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As Emanuele told me the center was running for ten years now and has been taking care of roughly 10000 people, which is telling a lot about the ongoing situation of the island, about the fact that migration here is not something new.

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Some people have left their home long time ago and were coming back from Europe, from countries such as Finland, France or Belgium … the most of them have been pushed back, due to a negative answer regarding their asylum seeking or simply because of their absence of legal documents.

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And you could find a huge diversity of origin countries … Pakistan, Bangladesh, Tunisia, Morocco, Gambia, Ghana  and of course, all the other countries I already knew …

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As  matter of fact, you could see many “migrants” in town, living alongside the Italians who don’t seems to see the situation as a problem, at least they’re living with it …  and if the NGO’s were a bit difficult to find on the web (if it wasn’t impossible …) they were definitely operating on the field.

Furthermore, you could feel here that the “travellers” were more welcomed than in other places I’ve been … Local people were helping, caring for the “migranti” setting up collects, donations and fundraising to help ; you could feel that a big bunch of people were really involved … And the migrants were also living in one kind of harmony with the locals, sharing the same places, going to the same events and working with them etc … Of course the well integrated ones had spent a lot of time here and had built there new “european life” step by step, but still, the new-comers did not looked like facing the same hostility I used to notice in other places.

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As instance, Graziella introduced me to one of the action ran by the locals, WelcomeRefugee was enabling families from Palermo to host migrants in need for a period of 6 months or more … the aim was to improve their life by the time they were staying with the family (finding them a job, giving them classes etc …)

The month I spent in the city makes me realise the huge diversity of its community and, more than simply migrants, refugees and humanitarian volunteers fighting against the harsh situation that’s facing the island, I met honourable people, all willing to make a change in their life, city life and the life of the migrants …

Palermo is definitely not the place I expected to struggle in, and even if things remain hard and difficult, I’m confident in the ability of people to face the trouble and to fight with any resources they have.

Chapter XVII – Oujda – Morocco

 

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Oujda is another city everyone was telling me about.
The place was the last Moroccan city before Algeria and the big wall that has been built to separate the two countries in bad relationship.

I’ve been told that long time ago after the war with French Algeria has pushed out of the country the Moroccan expatriates living there that created tensions between the two governments.

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Officially the border has been close for two decades now and while Algerian government was digging a hole to make the frontier impenetrable, Morocco was building a wall to make it even clearer.

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But I wasn’t going there only to see how the frontier was taking form in reality but also to discover the situation of migrants there.

As a matter of fact, like in many other place in the world the cities near the countries borders were always hotspots for migratory flows that would pass by as a transit point.
And oujda wasn’t different.

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Many of the migrants coming from western Africa (ivory coast, Cameroon, republic of central Africa, Congo etc …) were first arriving in Algeria from Mali. Then after a long struggle in the country, facing all the kind of abuse they could go through they were relieved, throw away at the border to try their chance to cross.

And that’s why most of the migrants i’ve been meeting in Casablanca, tanger, Rabat and the other place of Morocco had all entered the country passing by oujda.
Jeanne told me once that it was like a myth for her, a place she never saw everyone was referring to.

Then I decided to go there (as I couldn’t cross the Moroccan Algerian border by land at least I would go the further I could.)

On my research I get to know the association Al Wafae which was operating in the city, providing help, educational programs and life support for the migrants of the city.
After a 6-7 hours drive, the president Sabiha and the director Jawad welcomed me with all the team the day I arrived : Yassir, Dasilva, Leila, and the 4 other members of the association were very kind.

As I arrived the day of the 101th anniversary of the Moroccan flag, we didn’t work and Yassir shown me the city, the medina, the cafeterias etc … we spoke a lot about the Moroccan religion, culture and tradition, we played cards with Mohammad, Ahmed and his other friends … For a little while I’ve been experiencing a deeper interaction with the Moroccan daily life.

It reminded me that’s always strange to work along the migration topic abroad, as you’re in a country but you interact with people that have nothing to do with it, you’ll never really spend time with the true locals to taste the life as it is. Well, It reminded me that the two months I’ve been spending in Morocco where most of my time spent with Sub-saharian people, talking french, talking about their cultures etc …, complaining how bad this country was and all the kind of stuff that you can expect from a displaced person in a foreign country … And I rarely appreciate being surrounded by Moroccan who where also eager to share their culture, to learn from me and to interact (sometimes difficultly) with me. To be honest, I really appreciated these moments, learning about their stories, their dreams, their habits etc … going to the Hamam, eating local foods and stuff … it puts you in a different position than the “Westerner coloniser” one that I hate.

 

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Then we start working at the association. I met the “persons of interest”, benefiting from the different workshop that was giving Al Wafae : Cooking, Sewing, Computing, Speaking Arabic, Hair-dressing etc …

 

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And more than simply giving the workshop as I could experienced before in NGO’s in Casabanca or Rabat, Al Wafae was giving the students a diploma at the end of the classes that was enabling them to apply for an internship in a company or a shop and then to hopefully be employed or to start their own activity.

 

 

Honestly I founded it more engaging, more interactive for the migrants wh cloud include themselves into the society quicker and better as they were learning and living mixed with both Syrian, Yemenite, Morocan and Sub-Saharian … This bunch of mixed people was helping everyone to better understand each other and I’d say that I truly felt that the racism between communities was far lower here, in a place that was the most affected by the migration.

 

The common language was also a mix of Syrian-Moroccan Arabic distilled with French and English which was creating a funny universal language.

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As it seemed, like everywhere else, the biggest problem here in Oujda was the housing of people … including them and socialise with them was no longer a big issue but to make it properly the migrants still needed a descent place to stay and to live while attending their lessons, as a matter of fact like everywhere it was difficult for them to remain present to the classes if they had to look for a shelter every single day.

Unless the several difficulties, the organisation al wafae was trying its best to improve people life … Sabiha, Benyounes and all the other were devoting most of their life to this cause. And they are random people like you and me, having a job, struggling to earn their life but meanwhile, spending all of their energy in the help.

11I founded the situation in Oujda much less worse than I expected.
Of course migrants were also struggling here, poverty and misery might be one of the things that never really change wherever you go, but I would say that their global situation was better than what I experienced in the big cities.

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Here was a transit place, a smaller city than Rabat, Casablanca … and a less strategic point for the migrants like tanger or nador …
Even though the Algerian border was very close … even if people were still arriving in harsh situations … the living conditions and the society mindsets about these people was not as rude as I expected.

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It may came from the good work of the ngo’s there, which were collaborating together instead of fighting for the good work. They quickly understood that without a common work, each organisation couldn’t deal with the problem. So they created a ”protection group on the field” that was composed of different ngo like UNHCR, MdM, OMDH, IOM, Al Wafae etc … each one of them were complementing each other and were providing help at all the levels of life they could to improve the conditions of the migrants ; administrative, clothing, housing, feeding, teaching and socialising, curing etc …

Chapter XV – Rabat – Morocco

It’s always disturbing to arrive in a country without any strong contact or things to do or to expect …

So i’ve been driving all the way around from Ceuta to Rabat where I knew I was about to meet Parfait there but wasn’t sure about the date, place etc …
It’s a kind of wandering somehow, you don’t know where to go, what to do etc … you just know why you’re here for and you pray for it to happen … and it happened of course.

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Two minutes after arriving in the capital, I went to the African cultural center, met Jesus, Parfait, Jackie and the other people from the center.

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The majority of them were artists, musicians, writers, painters … and migrants.
They’re coming from cote d’Ivoire, Congo, and the other west sub-saharian countries …

exile-2-0-part-ii-13They told me about their stories and welcomed me in their house at the same time.

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I was then realising that the migrants situation in the country was a bit similar to what I’ve been seeing in Turkey : these people were somehow scattered all over the place, living in town, in more or less bad conditions.

exile-2-0-part-ii-71They told me about the ambient racism they’re facing … being black wasn’t that easy in an arabic country.

We wen’t to a hidden place (a tiny little flat turned into a meeting room) where they used to gather to hang out without being in trouble with the Moroccan.

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They introduced me to their traditional meals, traditions (like … never eating with forck and knife : always with your hands), I enjoyed their “Belet” : the traditional alcohol … Well … as they told me I was no white anymore … I was as “black” as them. Living, creating, sharing story, sleeping, struggling … everything with them. I was a host within the migrants.

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And the Africans in the city were like a big family, supporting themselves through the daily difficulties … even if they were also all different, coming from different countries and having different cultures.
Sometimes they’re as racist as the Arabic people with them.
Sometimes I was chocked to realise how narrow minded they could be … it was weird coming from them who were understanding so much things

“these guys are from Cameroon they think they’re better than you” … “this woman is from Togo so she can’t speak with us” … “I’m not talking to Arabic people, they all are robbers and lyers” … “the whites are better than the blacks” … these kind of things.
Through I didn’t wanted to blame them as they were conditioned by their origins and their life.
I didn’t wanted to argue about the place of god in the world or what should a woman do etc … as European I didn’t have the right to tell them they were wrong, as they’re mainly thinking this way “because” of us.
I could only listen and watch their habits and way of living to try to understand how far our “occidental empiricism” has been changing the way they were seeing themselves.
“The Africans aren’t good people, they are jealous and the continent is in this situation BECAUSE of the Africans … not only because of the white man who has been colonized us”.
“If Africa is struggling nowadays, it’s because of the rivalry between people who’re thinking about themselves first of all.”
“If the whites would take over Africa, it’d be much better, because the white man is cleverer than the black …”

Tells you that I wasn’t sure if they were kidding first … but no.
As they were trying to explain me how things were working back in their country and the further I was discovering how they’re interacting each other … I was realising that was something they’re sure about it.

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And everyday, I was going to the African cultural center.
Everyday I could see how this little place was putting together all the people.
The same people who were struggling for life everyday were gathering there to create, interact and share.

Painters, dancers, musicians, singers, writers etc … all of them were here.
Papis, Jean-Baptiste, Jackie, Jesus, Andy, Gyslain etc … the center was a place were you could taste the African tradition in whatever you could do.

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And as I could not help the way I use to, being part of a humanitarian organisation, I feel the need to share with them a different way.
Mixing my art with their creation, if it could help them to go on and to get further.
I’ve been playing percussion, painting with Jackie, Filming music video with Jesus and Yannick, I would have dance with Gyslain and Andy if I could …

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Jackie Zappa

Jackie was an Ivorian who had been involved in the civil war in 2011-2012 and who had to flee his country when his group loose the fight.

Since then, he never received any paper or protection from the unhcr and was here in Morocco illegally without any support.
He hosted me first as he couldn’t help seeing me sleeping in the van but soon, due to the precarious situation he was living, he had to leave the place he was living in and he moved back sleeping in a corner of the African cultural center, I moved back to Marcel.
Even though life was harsh for him, Jackie was a strong guy and he wasn’t giving up, keeping on painting, believing in his dream to reach France at the end to carry on in his art without worrying about everything else.
I wish I could help him.

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Helping here in Morocco is tricky and difficult. Making me thinking about the situation in Turkey at some point. But here is harder to find people or organisation who can trust.
Jackie and many other people were advising me not to believe everything people would tell me, as they would lie to get some money for them pretending to help.
“My ngo is helping all the young migrants in all the African countries, now you’re here it reminded me that we’ve a house we’ve been pushed out because of money, all the kids there had to leave in the streets … It’s 3000dh” told me a reggae singer.
“Our kids would go to school if you’d give our group some money to protect them as they wouldn’t have to worry about earning money to live” told me another … well, these kids mainly don’t care about school but are looking for money to leave and to cross to Europe …

Then It’s a pity to realise that you can’t help by yourself and that you need people you trust to advice you.

First I didn’t wanted to listen my African fellows and I thought I could help by myself … knowing what to do, who to help etc … but I realised I could not do anything alone as everyone seemed to take advantage of my situation of white rich and ignorant European.
So I decided not to rush, asking to “see the needs and the people in trouble” to be sure of their situation.
Asking my friends about a guy pretending to do this or that, collecting stories about him to judge if he was trusty or not.

Another project i’ve been involved in was the AAMM minors hostel project that we (Camara Mafa, his organisation and I) tried to improve by setting up a crownfunding campaign.

Unfortunately and as I expected, my first plans weren’t going to work.
As a matter of fact, I didn’t knew that you couldn’t cross the border between Morocco and Algeria …
Since the last troubles between the two countries, this frontier has been a big problem, being reinforced with a huge wall, patrolled by the army …
It seems I won’t be able to continue with Marcel as I planned.

Then I still have options :
– going further south, passing by western Sahara, Mauritania and Mali to reach ivory coast (which would represent 5000km and a lot of money spend on border crossing, security convoy and visas … to reach a country where I know lot of things could be done but nothing specific …).
– going back to Europe, first … back to Spain from melilla, then to go to Italy and Sicily to help the migrants there, to go to Malta and to try to volunteer with MOAS to understand the hugely important work they’re doing on the international seas … then crossing again to north Africa to Tunisia, Libya or Egypt to document the situation there … (a choice that would be cheaper, safer and probably more helpful for the people in need ..)